Comprendre le cancer

09/11/2016 , Temps estimé de lecture : 7 mins

 
Article : Comprendre le cancer
Le cancer est une maladie malheureusement de plus en plus courante. Elle n'est pas pour autant une fatalité, et bien des éléments de notre hygiène de vie sont des facteurs aggravants sur lesquels il est possible d'agir.

Et si pour comprendre un peu mieux le cancer, nous nous attachions à comprendre comment nos cellules fonctionnent? 

Une cellule a une forme, une place et un rôle bien définis. Ces données lui sont fournies par ses gènes, l'expression de ceux-ci de façon conforme à son environnement  s'appelant  épigénèse.
Par ailleurs, une cellule a des besoins pour remplir ses missions: besoin en oxygène et en nutriments pour fabriquer de l'énergie, pour réaliser des synthèses (hormones, enzymes…)  et besoins en micronutriments (vitamines, minéraux) pour dérouler au mieux ses missions. Et ainsi, quand la cellule connait son rôle grâce à ses gènes et que ses besoins sont comblés, tout fonctionne.

Sauf, qu’à tout instant,  des erreurs surviennent  au niveau de nos gènes. Heureusement pour nous, elles sont repérées et réparées.

Comment expliquer une tumeur ?

La genèse d'une tumeur est celle d'un dérapage non contrôlé. On peut  résumer, un cancer comme l’histoire de défaillances: défaillance de l'épigénèse mais aussi défaillance des processus de réparation. 

Comment le système de vigilance peut-il être mis en défaut?

Revenons au point de départ. A l'origine de chacun d'entre nous fut une cellule unique, née de l'union du spermatozoïde paternel et de l'ovocyte maternel. Chacun amène en dot la moitié de ce qui fait notre patrimoine génétique. Très vite, la cellule se divise, et de division en division, se créent les 10 milliards de  cellules qui nous constituent. Chacune (ou presque) contient la même information génétique, mais elle n'utilisera que la partie dont elle a besoin. 

Nul n'est besoin de vous préciser que nous sommes tous très différents les uns des autres. Cela est du à l'existence de chaque gène sous différentes variantes, les allèles. C'est la diversité allélique qui nous munit des différentes nuances de couleur de peau ou d'iris, de notre taille, de la forme de notre nez ou de nos oreilles… pour les éléments les plus visibles, mais aussi de la forme et du fonctionnement de chacun de nos organes tout comme de nos cellules. 

Lire les gènes pour connaitre leurs informations et tout particulièrement  les fragilités pouvant mener à un cancer est une idée bien séduisante. Pour autant, se fier uniquement au décodage de cet ensemble unique de gènes pour prédire notre avenir, et particulièrement la survenue d'un cancer, est une idée qui a fait long feu. Le décodage du génome humain n'a en effet en rien diminué l'apparition de cette terrible maladie!

L’environnement sur  les bancs de l’accusation

Les facteurs environnementaux cancérogènes peuvent être physiques (rayonnements, ondes...), chimiques (pesticides, nanomatériaux...) ou biologiques (toxines, virus). Ils sont présents dans les sols, l'eau, l'atmosphères, l'alimentation.   Mais alors, comment expliquer que toute personne qui s'expose durablement au soleil, à la fumée de cigarette ... ne déclenche pas systématiquement un cancer? 

Une explication mixte

Les recherches sont orientées aujourd'hui vers une explication mixte: la rencontre entre un génome et un environnement.

Partant, si nous ne pouvons pas modifier nos gènes, nous pouvons par contre être attentifs à notre hygiène de vie...

Des interactions entre l'environnement et le génome

Si un aliment est pourvoyeur d'énergie et de micronutriments comme nous l'avons vu plus haut, il est également acteur de l'équilibre du microbiote*, et il se comporte aussi comme un messager modulateur de l'expression des gènes.

L'aliment n'est pas le seul en cause dans la perturbation de l'épigénèse. C'est le cas également du stress (tiens, tiens, encore lui!), de la pollution, des infections, du microbiote et de l'exercice physique.

On comprend mieux l’inégalité des individus face au cancer, au regard de son génome, de son hygiène de vie et de son environnement.

Le rôle de l’alimentation

Un des rôles de l’alimentation très utile dans ce contexte est l’apport en éléments anti-radicalaires, appelés aussi antioxydants.

Les radicaux libres, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont des molécules agressives qui s’attaquent aussi bien aux mécanismes de défense de l’organisme, qu’aux mécanismes de réparation cellulaire ou encore à l’ADN constitutif des gènes. Leur présence est liée à l’environnement (tabac, stress, polluants…), mais aussi à l’inflammation, aux infections, etc.

Elles sont contrées par les antioxydants, amenés par l’alimentation, pourvoyeur également des cofacteurs indispensables à toutes ces réactions de défense anti-radicaux libres.  Pour faire un bref tour d’horizon, parmi les antioxydants on trouve des vitamines (vitamine C des fruits et légumes, vitamine  E des huiles végétales), des caroténoïdes (légumes à feuilles vert sombre, carottes, tomates, maïs, brocolis, agrumes), des polyphénols (fruits, légumes), des terpènes (épices, aromates), le sélénium, le zinc…. On va donc pouvoir les amener en mangeant des fruits et des légumes colorés, frais, dont une part crue.  Ce qui peut ne pas être suffisant pour autant, au vu de la diminution dramatique de la teneur des sols en éléments comme le zinc ou le sélénium.

A noter qu’un système digestif et notamment intestinal de qualité est nécessaire pour une bonne assimilation de ces éléments !

Petite remarque : il est bon de noter que l’alimentation, par le biais des pesticides et autres additifs affectionnés par l’industrie agroalimentaire, peut être aussi source de polluants ! Pour cela, et pour la qualité supérieure des sols, on préfèrera souvent les aliments biologiques, à conditions qu’ils soient de proximité, si on veut profiter u maximum de leur richesse en vitamines.

L’importance du sport

De façon générale le sport est bénéfique : il détache du mental et donc réduit  le stress, favorise le plus souvent des contacts sociaux qui vont dans le même sens, améliore la circulation du sang et de l’oxygène, renforce le muscle… Pour autant, il faut veiller à un bon dosage en termes de fréquence et d’intensité, fonction de la physiologie du sportif et de ses autres paramètres d’hygiène de vie. Alors activité physique certainement, sport intensif sous surveillance !

Les polluants ou xénobiotiques

Littéralement, il s’agit de toute molécule étrangère à l’organisme. On entend par étrangère non naturelle, c’est-à-dire chimique : pesticides, additifs alimentaires de synthèse, hormones de synthèse des contraceptifs, médicaments… Ces substances possèdent des propriétés toxiques même à très faible concentration.

Pour les éliminer, le corps va avoir besoin d’un super organe : le foie.

Mais là aussi, pour la métabolisation des xénobiotiques, entendez par là la transformation en éléments non toxiques puis leur élimination, de nombreux éléments interviennent : les performances proprement dites du foie (inégalités individuelles),  le degré d’inflammation de l’organisme,  les infections, l’âge, le sexe, la grossesse… la liste est longue et démontre encore une fois notre inégalité !

Or, un xénobiotique non transformé, par défaillance ou tout simplement par impossibilité au vu de la nature de la molécule, peut non seulement léser des cellules, notamment celles du foie (voire les nombreuses hépatites médicamenteuses), mais aussi entrainer des anomalies de l’épigénèse (nous y revoilà) et un cancer.

Un système immunitaire performant indispensable

On peut avoir une alimentation optimale, ne pas être stressé, pour autant si le système immunitaire est défaillant, un cancer peut se déclarer.

Que faire pour avoir un système immunitaire optimal ?

Là encore, l’alimentation joue un rôle majeur, tout comme l’état de l’intestin et du microbiote, et le stress chronique, le tabagisme, le sport intensif….

 

Il semblerait donc que tout soit lié…

Bien se nourrir, en conscience, et non manger parce qu’il le faut, respecter  ses capacités tant digestives, que physique, gérer ses émotions et son stress, éviter autant que possible les polluants externes et internes sont autant de pistes à suivre pour veiller au bon état de ses cellules et de ses gènes. D’autant plus qu’il semblerait que l’épigénèse se transmette !

Alors, si aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie, je peux décider de mettre toutes les chances de mon côté, de suivre un chemin où  je suis responsable de ma santé, au côté de tous les praticiens qui ont une vision globale de celle-ci.

 

 

* microbiote: ensemble des micro-organismes qui tapissent la surface intestinale

 

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