La mycothérapie

01/06/2022 , Temps estimé de lecture : 5 mins

 
Article : La mycothérapie
Soigner avec des champignons est une méthode qui m’intrigue depuis quelques années. Ma curiosité commence à être satisfaite, et je vous partage le fruit de mes découvertes de ce règne méconnu et de ses richesses.

Le règne des Fungi

Dans le monde vivant se côtoient plusieurs règnes, de 5 à 7 suivant les classifications, 7 correspondant à une des dernières classifications qui date de 2015. Ceux des animaux et des végétaux vous sont probablement les plus familiers ; à leurs côtés on trouve celui des bactéries par exemple et celui des champignons, appelé règne des Fungi. 

On sait depuis quelques années grâces aux analyses génétiques que ce groupe est plus proche des animaux que des végétaux.

Connaissez-vous les champignons ? 

Historiquement, ce sont les mycologues qui étudient les champignons, produits forestiers que l’on ramasse après la pluie en forêt ou dans les prés.  Scientifiquement, on regroupe sous le nom de « champignons » des êtres vivants eucaryotes (entendez par là que leurs cellules contiennent un noyau renfermant le matériel génétique, comme les vôtres) constitués d'une seule cellule (ex. : levure du boulanger), ou d'un assemblage de plusieurs cellules à l’instar du bolet ou du cèpe qu'on trouve dans les sous-bois.

Le champignon est formé de deux parties : le mycélium est le sporophore. 

La partie que nous appelons couramment le champignon est en fait un sporophore (ou carpophore) qui est constitué d’un pied, d’un chapeau et parfois d’un anneau et d’une volve. Sous le chapeau, il y a soit des lamelles, soit des tubes, soit des aiguillons. C’est la partie reproductrice. 

Structure d'un champignon

Le mycélium (le corps du champignon)  correspond à l'ensemble des cellules formant les filaments présents dans le sol, qui ne sont pas visible à l’œil nu. Ce mycélium se diffuse seulement si les conditions nécessaires à sa croissance (température, humidité...) sont réunies. Cela permet la formation du sporophore. Il peut s’étendre sur plusieurs hectares, mais sous terre.

Composition des champignons

Les champignons contiennent plus de 150 composés actifs sur notre organisme : des enzymes, des prébiotiques (éléments qui nourrissent notre microbiote intestinal), des antibiotiques naturels, des vitamines du groupe B, des minéraux comme le sélénium et le zinc … Ils contiennent également des stérols (capables de réduire le LDL-cholestérol qui peut parfois poser des problèmes quand il est en excès), et des phénols. Ce qui les distingue tout particulièrement ce sont des molécules longues (des polysaccharides), particulièrement longues chez eux, les alpha et les bêta glucanes, facilement disponibles pour le corps, on les dit biodisponibles. 

Les ?-glucanes

Ce sont des molécules vraiment typiques des champignons et dont une petite partie est capturée par des cellules de l’intestin puis transportées vers la rate, les ganglions lymphatiques et la moelle osseuse, nos tissus immunitaires ; ils y interagissent avec certaines cellules spécialisées (les macrophages) et stimulent la fonction immunitaire, et tout particulièrement la défense antitumorale. Ce sont ces molécules les véritables trésor du règne des fungi. 

Qu’est-ce que la mycothérapie ? 

« La mycothérapie est une science médicinale exploitant les mycètes, les champignons, les moisissures. Un champignon disposant de propriétés pour lesquelles une efficacité dans le cadre de la prévention et de la thérapie de soutien ou de traitement chronique est revendiquée est un champignon médicinal. » https://www.aquaportail.com/ 

D’où nous vient cette science ? 

Les champignons sont utilisés de façon traditionnelle dans toutes les civilisations. On a par exemple retrouvé des polypores du bouleau dans l’estomac et dans le sac d’Ötzi (un homme momifié naturellement dans les glaces d’un glacier autrichien) dont l’usage était exclusivement médicinal ; c’est en effet un champignon consommé pour ses vertus antibiotiques et vermifuges.

La Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) a incorporé très tôt l’utilisation de certains champignons pour soigner certaines pathologies. Les plus courants sont le Reishi, le Shiitake ou le Kawaratake.

En Occident, il y a peu de traces de l’usage des champignons en thérapeutique jusqu’à une période récente. Une des plus célèbres découvertes est celle de la pénicilline par Alexandre Fleming, substance antibiotique isolée à partir du champignon microscopique Penicillium notatum. 

Ce n’est qu’à la toute fin du XXème siècle que la médecine occidentale décrit la mycothérapie comme « la science de l’utilisation des champignons aux vertus médicinales » (Jan Ivan Lelley, 1997).

De nos jours, les recherches partagées entre les différents pays démontrent dans la majorité des cas l’intérêt thérapeutique des champignons dont l’usage était traditionnel. 

Quels sont les champignons utilisés ? 

Suivant les sources, on a identifié entre 500 et 650 espèces aux vertus thérapeutiques, parmi les 15 000 espèces de champignons identifiés sur la planète ; on peut noter qu’il en existe probablement bien plus, mais qu’ils ne sont pas encore identifiés. 

Citons quelques champignons couramment utilisés : Ganoderma lucidum (Reishi), Agaricus subrufescens (Agaric brésilien), Hericium erinaceus (Crinière de lion), Lentinula edodes (Shiitake), Pleurotus ostreatus (Pelurote en huitre), Agaricus blazei (Champignon du soleil), Coriolus versicolor (Queue de dinde), Cordyceps sinensis (Cordyceps), Grifola fondosa (Maitake), Polyporus umbellatus (Polyporus)… 

Pour quels usages fait-on appel à la mycothérapie ? 

En Médecine Traditionnelle Chinoise, les champignons sont utilisés pour apporter un bénéfice dans l’accompagnement ou le soin de nombreuses maladies telles que le cancer, le diabète, le cholestérol, la fatigue, les maladies rénale et hépatique, les troubles de la mémoire, les diarrhées de différentes origines ou encore la stérilité féminine… 

Les recherches scientifiques ont démontré des propriétés thérapeutiques des ?-glucanes très diversifiées qui correspondent à cet usage traditionnel : anti-infectieuses, hépatoprotectrices, néphroprotectrices, anti-hypercholestérolémiantes, antihypertensives, hypoglycémiantes et antiagrégantes plaquettaires. 

Des anticancers?

Lorsqu’on connaît le lien entre le cancer et la présence durable de certains virus (hépatites, papillomavirus, virus d’Epstein-Barr…) ou bactéries (Helicobacter pylori) dans le corps, on comprend l’utilité des champignons médicinaux dans la prévention ou la lutte contre le cancer. Certains d’entre eux favorisent en outre l’autodestruction des cellules cancéreuses ou leur destruction par nos globules blancs ou leucocytes tueurs (NK). Parmi les champignons les plus puissants, on retiendra notamment le Shiitake (Lentinula exodes) et le Coriolus versicolor

Comment agissent les champignons ? 

S’ils ont chacun des spécificités, leur point commun est d’agir sur le système immunitaire et de le réguler, entendez par là qu’ils peuvent aussi bien le stimuler pour le rendre plus performant, en cas d’infection par exemple, ou le calmer quand il est trop actif (cas des allergies et des maladies auto-immunes), cette typicité d’action étant liée à leur composition en ?-glucanes.

Une autre grande vertu médicinale que l’on reconnait au champignon est de stimuler l’organisme de la personne qui le consomme. En effet, le champignon est un antioxydant, ce qui permet de stimuler à la fois nos défenses naturelles et de limiter l’apparition de pathologies dégénératives.

On considère également que la mycothérapie permettrait de prolonger l’espérance de vie. D’ailleurs, en Chine et au Japon, la consommation du Shiitake était autrefois réservée aux empereurs et seigneurs qui étaient à la recherche de la vie éternelle.

Quel complément choisir ?

Le but de cet article n’est pas de vous proposer une marque ou un laboratoire. Il est de vous alerter sur l’importance des questions à vous poser, ou à poser à votre praticien de santé naturelle, sur l’origine des champignons que vous allez consommer. Vous pouvez poser ces questions si vous achetez à un producteur, sinon, vous aurez intérêt à vous diriger vers des extraits fongiques biologiques.

En effet, les champignons sont de véritables éponges des molécules qui les entourent (comme d’autres plantes telle que la spiruline (une algue microscopique) par exemple). Il est donc très important de connaitre le mode d’exploitation et de culture avant d’acheter et surtout de consommer un champignon. 

Quelle forme choisir ? 

Les principes actifs des champignons médicinaux sont peu assimilables lorsque ces derniers sont consommés entiers, du fait de la présence de chitine, un composant qui limite leur absorption. Pour profiter aux mieux de leurs vertus thérapeutiques, deux solutions s’offrent à vous : la consommation de poudre du mycélium du champignon ou du carpophore, ou bien des extraits aqueux ou hydroalcooliques vendus comme complément alimentaire.

Si on peut trouver différentes formes galéniques, comme pour les plantes ou les médicaments, ce qui est important, c’est la concentration des composants actifs et leur biodisponibilité, mais aussi l’absence d’additifs, et l’encapsulement dans des gélules naturelles. 

De façon générale, comme pour les végétaux, le conseil d’un thérapeute est essentiel. 


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